Consommer végan … ou pas

Salut,

Hier soir je suis allée manger à Factory & Co au Val d’Europe. Et voici ce que j’ai choisi :

Salade fusion thaï, frites, muffin aux pépites de chocolat, Vittel

Il y a quelques mois en arrière, je n’aurai pas pris ce muffin, j’aurai probablement choisi un dessert sans produits d’origine animal.

Avant mon cancer, j’étais intransigeante, c’était végan ou rien. Avec le recul, je me rends compte que j’étais trop dure avec moi-même. Non pas que le régime végétalien soit mauvais, strict ou inadapté, mais simplement que, pour moi, ce n’était pas facile tous les jours. Au restaurant, en réunion ou avec les autres, il n’est pas, actuellement, simple de vivre et de faire accepter son véganisme comme quelque chose de courant. Je ne remet absolument pas en cause les personnes qui sont totalement véganes, d’ailleurs peut-on l’être vraiment?

Mais parlons définitions, un végétarien ne mange pas de chair animale mais continue de consommer les dérivées, les fameux POA (produits d’origine animale) que sont le lait, les œufs et le miel. Le végétalien, ne mange pas de chair ni de POA. Le végan est comme le végétalien mais en plus de la nourriture il cherche à ne pas nuire à l’animal dans son ensemble, n’utilise pas de cuir, de soie, de colle à base de déchets animaux, etc…

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Après ce petit point définitions, j’aimerai vous parler de mon parcours personnel. Et là encore, aucun jugement de ma part envers les personnes qui ne consomment pas comme moi, et bien entendu j’attends de votre part la même chose envers moi.

Petite, j’ai été élevée par une nourrice qui était une grande fan de viande et de toutes sortes de dérivés, foie, cervelle, viande de cheval… J’étais enfant et je devais manger. Mais j’en étais malade, car j’avais déjà une sensibilité très développée envers les animaux. Bien entendu certains aliments me plaisaient, je serai hypocrite de dire le contraire. J’ai très longtemps mangé du poulet, de la dinde, un peu de bœuf et de porc. Et puis dans les années 80-90 on ne parlait pas, ou peu, de maltraitance animale et ne pas manger de viande était l’apanage de végétariens un peu bizarres. En grandissant j’ai commencé à refuser de plus en plus de choses, par goût d’abord et par éthique ensuite. Je suis devenue totalement végétarienne il y a environ 6 ans.

En me renseignant un peu sur les conditions d’élevage et d’abattage j’ai pris conscience que cela ne correspondait pas à mes idées et que je devais faire quelque chose. Émotionnellement, je ne me sens pas capable d’aider physiquement dans un refuge ou dans une association, je suis trop sensible. Alors, j’aide comme je peux, je suis adhérente à la L214, et surtout je deviens végane. Fini les POA, fini le cuir c’est pas dans mes moyens de toute façon, fini le miel. C’était très facile pour moi, je vis seule donc pas de comptes à rendre, je fais ma gamelle pour le travail et je lis les étiquettes avant d’acheter.

C’était facile jusqu’à ce que je tombe malade en mars. Un cancer métastatique à 35 ans, BIM!! dans les dents cocotte. J’ai vécu une longue hospitalisation, des soins, des traitements plus ou moins lourds qui n’ont laissé la place qu’à une chose : ma survie. J’ai donc recommencé à manger, un peu, d’œuf et de fromage. Et puis surtout, je ne savais pas vraiment ce que contenaient mes médicaments, le sait-on réellement de toute façon? J’ai vu que certains contenaient du lactose, et j’ai eu mauvaise conscience. Je me suis dit que je refaisais du mal aux animaux, que c’était mal. Mais pourquoi être aussi exigeant avec soi-même lors d’une si terrible épreuve? Personne, ou presque, n’a essayé de me faire culpabiliser. J’étais malade et je devais vivre, alors faire quelques entorses à mon régime et à mes convictions ce n’était pas vital. Je pourrais reprendre ma vie d’avant quand j’irai mieux, quand je serais guérie et que ce serait redevenu le plus important.

Ce choix peut, va, choquer les bien pensants, tu ne fais jamais assez pour certains de toute façon. J’en ai marre d’être jugée, catégorisée, étiquetée. Je suis un être humain avant tout avec des qualités, enfin j’espère, et des défauts. Je ne suis pas parfaite et je n’ai aucune prétention à l’être. Je ne transigerais pas sur la chair par exemple, mais les POA oui j’avoue j’en consomme de nouveau. Par exemple, j’ai acheté récemment des shampooings au miel bio, car je souffre de démangeaisons terribles à cause des traitements que j’ai eu. Aujourd’hui, oui je suis végétarienne, j’ai fait un petit pas en arrière dans mes convictions. Mais le combat contre MA mort n’est-il pas plus important que mes convictions?

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